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Les Grandes tendances du commerce international

            La croissance du commerce international a accompagné depuis le XIXe siècle celle de la production. L’évolution du commerce international a été cyclique sous l’effet des guerres ou de crises économiques. Tout au long de son évolution, ce commerce international a connu des changements, voire des mutations, quant à la nature des échanges et à ses acteurs. On est passé d’une mondialisation internationale marquée par l’importance des flux commerciaux à travers les importations et les exportations des biens, à une mondialisation globale où les firmes multinationales sont déterminantes dans la structure des échanges internationaux. Ces situations ne manquent d’affecter l’économie mondiale.

 

 

 

I/ L’essor du commerce international au XIXe siècle

 

En 1913, l’économie mondiale paraît déjà fortement intégrée, avec une forte ouverture des économies les unes envers les autres. Les économistes historiens cherchent en fait l’origine de cette ouverture. Certains affirment que l’émergence de l’économie mondiale date de 1492, année de la découverte des Amériques par Christophe Colomb, et de 1498, année où Vasco de Gama mit fin au monopole vénitien et arabe du commerce des épices. Cependant, les économistes s’accordent pour dire que la première véritable mondialisation de l’économie débute au XIXe siècle. La preuve de la mondialisation de l’économie se concrétise alors par la convergence internationale des prix du transport et de l’accélération de l’intensité des échanges internationaux.

 

En moins de cent ans, de 1830 à 1913, le volume des échanges mondiaux est multiplié par vingt, au lieu de trois le siècle précédent. En 1913, ce commerce représente 33% de la production mondiale ; en 1800, il n’en représentait que 3%.

 

A/ Croissance et structure du commerce international.

 

Croissance des échanges

 

            Tout au long du XIXe siècle, la croissance du commerce est plus vive que celle de la production. Les économies deviennent, de ce fait, beaucoup plus ouvertes sur l’extérieur. En 1913, les exportations représentent pour les pays européens, 14% du PNB contre 5,5% en 1830 et 2 à3% au XVIIIe siècle. La valeur totale du commerce mondial est estimée à 800 millions de livres sterling en 1850 ; à 8 milliards en 1913.

 

            Avec son formidable essor, le commerce international change de nature. Le commerce d’épices des siècles précédents est remplacé par des échanges de matières premières de base et par un début d’échange de produits industriels.

 

Structure géographique des échanges

 

            Durant ce XIXe siècle, l’Europe est au cœur du commerce mondial : en 1850 elle réalise 70% de ce commerce. La Grande-Bretagne en assure 20% à elle seule, suivie de la France et l’Allemagne. Ces trois grandes puissances réalisent ensemble 40% des échanges mondiaux. De ce fait, la structure des exportations de l’Europe est fortement dominée par cette même zone, puisqu’elle assure 70% de ses propres débouchés.

 

            Mais, progressivement, le rôle de l’Europe s’affaiblit. Ce déclin est important après 1880 : la part de l’Europe dans les échanges mondiaux revient aux alentours de 64%, celle de l’Europe de l’Ouest à 50%. On assiste alors à une légère diversification des destinations. L’Afrique et l’Asie représentant 13% des exportations européennes au lieu de 6% en 1880. La fin du XIXe marque le déclin de la Grande-Bretagne dans le commerce mondial. Sa part passe de 20% en 1850 à 14% en 1913. Durant tout ce XIXe siècle, l’Amérique du Nord est le principal partenaire de l’Europe. Les Etats-Unis sont alors les grands pourvoyeurs de coton de l’Europe, le coton qui représente, en 1869, les deux tiers de ses exportations.

 

            L’essor du commerce international durant le XIX siècle trouve ses explications dans la conjugaison de certains facteurs, notamment les révolutions technologiques, la croissance démographique et une évolution au niveau des idées et des politiques.

 

B/ Les déterminants des échanges internationaux

 

Les innovations

 

La première révolution industrielle prend naissance en Grande-Bretagne au milieu du XVIIIe siècle. Cette révolution industrielle constitue une rupture quant à la nature du système économique puisqu’elle marque le passage d’un mode de production à dominante agraire à un mode de production plus industriel.

 

Les innovations techniques dans la filature et le tissage du coton ont fait progresser très fortement la production de ce secteur. L’industrie du fer est également au cœur de la révolution industrielle. Entre 1760 et 1788, la production de fonte double ; au cours des vingt années suivantes elle quadruple.

 

Le XIXe siècle est également marqué par des innovations dans les moyens de transport. La machine à vapeur, le moteur à combustion, l’électricité, etc., sont autant de révolutions qui transforment radicalement les moyens de communication nationaux et internationaux. Les routes, les canaux et les chemins de fer connaissent une expansion rapide. La marine marchande à vapeur remplace progressivement celle à voile.

 

Les coûts de transport

 

Grâce à toutes ces innovations et à leurs applications dans les transports, les coûts de transport s’effondrent. Le prix du fret maritime par exemple, diminue dans des proportions de 7 à 1 au cours du XIXe siècle. Cette chute des coûts de transport, associée à celle des coûts de fabrication, réduit les prix des marchandises, facilite considérablement les échanges internationaux et permet la convergence internationale des prix des marchandises.

 

La croissance de la population

 

L’émergence de l’économie internationale a été expliquée jusqu’ici en termes d’évolutions techniques et technologiques dans la production et les transports. Mais ces évolutions ne peuvent être dissociées de celles des hommes, de la croissance de la population et de ses migrations.

 

Entre 1800 et 1920, la population européenne fait plus que tripler ; elle passe de 144 millions d’individus à 486 millions. Son taux de croissance est plus rapide que celui de la population d’Afrique ou d’Asie. En 1900, la population européenne représente 26% de la population mondiale au lieu de 21% en 1800 ; celle de l’Amérique du Nord représente 5% de la population mondiale au lieu de 0,7%. Les principaux facteurs explicatifs de cette croissance résident dans la baisse de la mortalité, l’amélioration des conditions sanitaires et du niveau de vie en général. Cette forte progression augmente les besoins de consommation de la population.

 

Croissance des investissements et du niveau de vie

 

La croissance économique du XIXe siècle est la résultante des innovations et de la croissance démographique, mais aussi de l’investissement. Entre 1830 et 1870, l’accumulation du capital passe de 7% du PNB à 14%. Cette croissance résulte d’investissements lourds d’équipement dans l’industrie textile, la sidérurgie, mais aussi dans les chemins de fer, la marine marchande, etc.

 

Le XIXe siècle est un siècle de forte croissance, comparé aux siècles précédents. Les taux de croissance du produit national sont parfois supérieurs à 5%, avec des taux de croissance par habitant allant jusqu’à 4%.

 

Les idées libérales et l’ère du libre-échange

 

Les idées libérales peuvent se retrouver dans un premier temps dans la théorie des physiocrates (école de pensée française) qui réclament, au XVIIIe siècle, la règle du laissez faire, laissez aller. En matière de pensée économique, cette école physiocratique a succédé aux penseurs mercantilistes qui étaient de fervents défenseurs de l’intervention de l’Etat en matière économique, essentiellement pour favoriser l’entrée des devises et des métaux précieux et interdire leur sortie. Les mercantilistes confondaient richesse et métaux précieux (or et argent).

 

Les physiocrates, pour qui seule l’agriculture est productive et que les autres activités économiques sont stériles, recommande une réduction des interdictions à l’exportation des produits agricoles. Les physiocrates défendaient un ordre juste où l’Etat ne devait assurer que sa pérennité sans intervenir sur le plan économique. L’Etat gendarme doit prendre la place à l’Etat interventionniste.

 

Ces idées furent reprises par de grands auteurs comme Adam Smith dans son ouvrage célèbre la Richesse des nations (1776) et David Ricardo dans son Traité sur l’impôt (1817), lorsqu’ils construisent un cadre théorique rigoureux en mettant en évidence la nature des spécialisations internationales et les gains mutuels que l’échange pouvait apporter aux partenaires commerciaux.

 

Pour Smith, la division du travail est nécessaire à la société et que les pays qui possèdent un avantage absolu dans la production d’un bien doivent participer à l’échange international en exportant ce produit et en important les biens où ils manque d’avantages absolus. Pour sa part, Ricardo a montré que même en l’absence d’un avantage absolu, un pays peut exporter un produit s’il possède un avantage comparatif. Pour cela, il a donné l’exemple de l’échange du drap et du vin entre la Grande-Bretagne et le Portugal.

 

Dans les faits, on assiste progressivement à un démantèlement du protectionnisme. La Grande-Bretagne constitue le foyer principal du libre-échange. En 1846, la Chambre des Communes britannique abolit les lois sur le blé, prévoyant pour 1849 la complète application de cet acte. Le taux moyen des tarifs douaniers en Grande-Bretagne est estimé à 60% à la fin des années 1820, puis à 31% à la fin des années 1830. A la fin des années 1840, les barrières douanières de la Grande-Bretagne sont estimées globalement à 5% sur les matières premières, 12% sur les produits intermédiaires et 20% sur les produits finis. En Europe continentale, l’Union douanière des Etats allemands et l’unification de l’Italie contribuent à renforcer les options et les politiques de libre-échange.

 

1880-1890 : le retour du protectionnisme

 

Tout au long du XIXe siècle, la Grande-Bretagne continue sa politique d’ouverture aux échanges internationaux (en particulier sous l’influence de l’économiste Alfred Marshall), ainsi que la Hollande. Mais la majeure partie de l’Europe continentale, du fait des guerres et des difficultés économiques qui s’en suivent (guerre franco-allemande de 1870 et la grande dépression de 1873-1896), replonge dans le protectionnisme.

La fin des années 1880 et le début de la décennie 1890 sont ponctués par des guerres tarifaires et des actions de représailles entre les pays. Au début du XXe siècle, la moyenne des tarifs est approximativement la suivante : Russie 28%, Etats-Unis 18,5%, France 9,8%, Allemagne 9,8% et Autriche 7,5%.

 

Ces éléments vont alors marquer le début des grandes évolutions du commerce international au XXe siècle.

 

II/ Les grandes évolutions du commerce international au XXe siècle

 

A/ Des évolutions cycliques (1913-1947/ 1947-1973)

 

Le XXe siècle débute par une très forte contraction entre 1913 et 1950 : la croissance du commerce, quasi nulle, est alors largement en dessous de celle de la production. Puis intervient une période d’explosion du commerce mondial entre 1947 et 1973. Cette deuxième phase est interrompue en 1973 du fait de la crise du pétrole.

 

La dislocation des échanges 1913-1947

 

La première guerre mondiale et la crise économique de 1929 contribuent à la désintégration du commerce international dans les années 1930. Par souci de sauvegarde de leur propre économie, les pays adoptent des politiques de restriction des importations. La généralisation du protectionnisme tarifaire (la pratique des tarifs douaniers, comme par exemple la fait de taxer l’entrée d’un produit à un taux de 70%) ou quantitatif (comme par exemple l’interdiction totale d’importer un bien ou le fait de n’accepter qu’une quantité limitée de ce bien) ne fait qu’aggraver la crise économique.

 

La France est l’un des premiers pays à appliquer des mesures de restriction quantitative à une grande échelle afin de combattre la récession. Elle est suivie par un grand nombre d’autres pays. Ces pratiques protectionnistes amènent alors des représailles de la part des partenaires qui ont vu se dresser devant leurs produits des barrières protectionnistes. Ces pays ont été amenés à entrer à leur tour à pratiquer des mesures protectionnistes, ce qui a entraîné une forte diminution des échanges internationaux.

 

Les conflits du début du XXe siècle et la crise économique marquent un nouveau déclin du commerce mondial. En 1948, la part de l’Europe de l’Ouest dans le commerce mondial est à son niveau le plus bas : elle n’en représente que 35%, au lieu de 60% en 1880. Ce déclin profite aux Etats-Unis qui a assuré 22% du commerce mondial en 1948.

 

L’âge d’or de la croissance des échanges internationaux (1948-1973)

 

A l’inverse des années d’avant-guerre, la période 1948-1973 peut être considérée comme celle de l’âge d’or de la croissance économique mondiale et du commerce international. En France, l’économiste français Jean Fourastié a qualifié cette période de forte croissance de la production et de l’échange par l’expression « les trente glorieuses ». 

 

Les taux de croissance moyens de la production industrielle avoisinent les 6% l’an ; le Japon connaît même des taux de croissance largement supérieure à 10%. La croissance du commerce international est en général de 4 points supérieure à celle de la production.

 

Cette situation de croissance exponentielle de la production et de l’échange international permis à tous les pays développés d’assurer le plein emploi. Plusieurs pays ont été contraints même de recourir à la main d’œuvre étrangère pour faire face à une carence à niveau notamment dans certaines branches d’activités, comme les secteurs du  bâtiment, de l’industrie automobile, l’agriculture, etc.

 

Il faut souligner qu’après la période de ruine et de déclin du commerce international, du fait des guerres et de la crise de 1929, les pays développés vont s’efforcer de reconstruire leurs économies sur de bases solides à travers la coopération et la coordination en matière économique. Ces pays ont trouvé nécessaire de doter les relations économiques internationales d’une organisation sur le plan institutionnel. Dans ce cadre plusieurs organisations internationales vont voir le jour.

 

Lors de la Conférence de Bretton-woods de 1944, il a été procédé à la création du GATT, (l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), dont la mission est d’établir les règles en vue de l’organisation et du développement du commerce mondial, et le FMI (Fonds monétaire international), dont le rôle est d’accorder des aides aux pays ayant un déficit au niveau de la balance des paiements. D’autres organisations internationales et régionales ont été créées pour assurer le développement du commerce international, comme la Banque mondiale, l’organisation mondiale du tourisme ou la CNUCED (Conférence des nations unies pour le commerce et le développement), qui concerne surtout les pays en développement.

 

Chocs pétroliers et rupture de la croissance

 

Le début des années 70 a été marqué d’abord par la crise du dollar, en tant que principale monnaie internationale, qui n’est plus convertible en or comme auparavant. Mais c’est le premier choc pétrolier qui constitue un évènement sans précédent dans l’histoire du commerce international. Ainsi, à la mi-octobre 1973, l’ensemble des treize membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s’accorde pour augmenter en même temps le prix du pétrole brut de 70% ; en décembre 1973, intervient une nouvelle augmentation de 130%. En quelques mois, le prix du baril de pétrole passe ainsi de 2 à 14 dollars.

 

Ce choc aura un double effet de récession et d’inflation dans les pays industrialisés, combinaison de deux maux appelée stagflation. Engendrant une ponction importante de revenu des pays importateurs de pétrole, pour payer le même volume de pétrole, la crise de 1973-1974 casse la croissance économique, accentue la montée du chômage et engendre des déficits considérables des balances des paiements. Provoquant une hausse des prix de l’énergie importée, le choc pétrolier participe à l’accélération de l’inflation que connaissent tous les pays développés.

 

Après une période de relative stabilité du prix du pétrole, le second choc pétrolier, lié au déclenchement de la guerre Iran-Irak, intervient en 1979. Il fait passer le prix du pétrole de 12 à 35 dollars le baril. Entre 1978 et 1981, le prix augmente de 167%. Ces deux crises pétrolières, associées à un dérèglement du système monétaire international, à la recrudescence de la concurrence, liée à l’émergence de nouveaux pays industriels, et à une montée des déséquilibres macroéconomiques, contribuent largement à ralentir la croissance économique et les échanges internationaux.

 

Après une stagnation au début des années 1980, le commerce international allait enregistrer une reprise et afficher une évolution quant à la nature des produits échangés et les acteurs impliqués dans la production et l’échange. On assiste de plus en plus à un passage d’une mondialisation internationale à une autre forme de mondialisation, qualifiée de globale.

 

B/ Les traits caractéristiques de la mondialisation économique contemporaine

 

A la fin du XXe siècle, on a coutume d’indiquer que l’économie entre dans une phase de mondialisation globale. Après la première mondialisation du XIXe siècle, la mondialisation actuelle peut présenter des similitudes avec l’essor du commerce international du XIXe siècle, notamment pour ce qui de l’indicateur d’ouverture au commerce international (exportations + importation /PIB). Toutefois, la mondialisation actuelle constitue, certes une continuité pour ce qui du degré d’ouverture des économies, mais aussi une évolution radicale (rupture) en matière de production et d’échange international. Ainsi, la structure et la nature des échanges ont fortement évolué et changé. De plus, la nouvelle phase de mondialisation est caractérisée par des évolutions internationales qui dépassent le seul élément du commerce de marchandises.

 

Le terme de mondialisation utilisé de nos jours désigne avant tout un processus dynamique et multidimensionnel. Des ressources auparavant largement nationales deviennent internationalement mobiles (capital, facteur travail notamment), et les économies nationales sont de plus en plus interdépendantes. Cette mondialisation concerne au mois cinq éléments de l’économie internationale :

 

1)      la mondialisation des marchés des biens et des services

2)      la mondialisation de la concurrence et l’apparition de nouveaux concurrents étrangers,

3)      la mondialisation de la technologie, avec une forte vitesse de propagation des innovations,

4)      la mondialisation des firmes et des industries, avec d’importants investissements directs étrangers, des délocalisations, des accords de coopération et des alliances internationales,

5)      enfin, la mondialisation des marchés financiers, qui se traduit par une forte croissance des investissements de portefeuille, et des déplacements massifs et instantanés des capitaux à court terme. Cette mondialisation des marchés financiers s’est renforcée par la libéralisation des mouvements de capitaux, la déréglementation, la privatisation et l’ouverture de nouveaux marchés aux échanges et aux investissements.

 

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) jouent aujourd’hui un rôle crucial dans la compétitivité et la productivité des entreprises. Ces technologies peuvent doper l’activité économique pour certains secteurs fortement utilisateurs de ces technologies, comme les services (tourisme, banque, transport, etc.).

 

III/ Multinationalisation des firmes et commerce international

 

A/ L’importance des investissements directs à l’étranger (IDE)

 

Le commerce international est réalisé principalement par les firmes. Mais celles-ci peuvent également s’implanter à l’étranger afin de mieux contrôler leurs marchés extérieurs ou leurs sources d’approvisionnement. Elles peuvent établir des succursales de vente, mais aussi des unités de production. Elles deviennent multinationales et cette multinationalisation va agir sur les flux d’échanges internationaux.

 

Définitions

 

Une firme multinationale est une entreprise qui fabrique tout ou partie d’un produit à l’étranger. La production à l’étranger est l’essence même de la multinationalisation : elle nécessite l’établissement de filiales à l’étranger.

 

La multinationalisation est en général le résultat d’une stratégie mondiale de la firme. La firme connaître plusieurs stades d’organisation et de stratégie. Il y aura globalisation de sa stratégie lorsque tous les pays seront considérés comme un seul et même marché où la firme interviendra simultanément.

 

Les investissements directs à l’étranger sont des investissements effectués pour créer une filiale ou avoir un certain contrôle sur une entreprise étrangère. La notion de contrôle est définie à l’aide d’un pourcentage d’actifs de la firme détenus par l’investisseur. Ce pourcentage était souvent différent selon les statiques des pays. Aujourd’hui, le seuil de 10 % des actifs possédés par la maison mère étrangère détermine le plus souvent le statut d’investissement direct à l’étranger.

 

Ce niveau de détention d’actifs permet de différencier, parmi les mouvements de capitaux à long terme, les investissements de portefeuille des investissements directs. Les premiers sont considérés comme des placements internationaux, les seconds introduisent une notion de pouvoir de décision de l’investisseur sur l’entreprise rachetée ou construite à l’étranger (filiale). L’IDE implique en général, non seulement un transfert de fonds financiers, mais en même temps un transfert de technologie et de capital humain (expertises et compétences des cadres expatriés).

 

Les données statistiques sur les IDE et en provenance de l’étranger sont appréhendées au niveau de la balance des paiements qui est un document comptable retraçant les relations commerciales et financières entre les résidents et le reste du monde.

 

Progressivement, la firme multinationale organise un réseau international, de conception, de production, d’assemblage et de commercialisation de ses produits. Les relations entre les filiales et la maison mère au niveau international donnent lieu à un commerce international intra-firme. Les relations avec d’autres firmes développent un commerce inter-firmes, lié à l’approvisionnement en matières premières, à la fabrication de certaines pièces, à l’assemblage ou bien à la commercialisation du produit final. Les firmes multinationales sont ainsi au cœur d’un vaste réseau d’échanges internationaux.

 

La composition des IDE a changé fortement entre aujourd’hui et le début du XXe siècle. En 1914, 55% du stock des IDE se trouvait dans le secteur primaire, 20% dans les chemins de fer, 15% dans les produits manufacturés et seulement 10% dans les services, la distribution et les banques. A la fin des années 1990, la structure est très différente : pour l’union européenne, 63% des IDE se situent dans les services, 31% dans les produits manufacturés, et seulement 6% dans les produits primaires.

 

Depuis la seconde moitié des années 1980, dans le processus de mondialisation, l’IDE constitue l’élément le plus dynamique dans l’évolution de l’économie mondiale. Entre 1985 et 1999, l’IDE des pays de l’OCDE a augmenté deux fois plus rapidement que le commerce des biens et services. Les IDE restent toujours fortement concentrés entre les pays développés. Toutefois, on assiste de plus en plus à une régression des pays développés en raison de l’émergence de nouveaux pays investisseurs, comme les pays d’Asie, et à l’apparition de nouveaux pays d’accueil, principalement la chine.

 

Les IDE dans les services ont crû plus vite que dans les autres secteurs. Leur part dans le total du stock des IDE est passée de 45% en 1988 à 56% en 1998%. L’accroissement de ces investissements est lié à la libéralisation progressive des échanges internationaux dans les services (dans le cadre de l’OMC) et aux investissements qui les accompagnent. C’est cette situation qui explique une forte dématérialisation de l’économie et la place du capital immatériel dans la croissance économique d’aujourd’hui. On est passé d’un stade où la richesse se basait sur l’exploitation des ressources naturelles minières et agricoles à un stade où ce sont les facteurs d’innovation, d’information et de services qui favorisent le développement des firmes et des économies.

 

 

B/ Les principaux facteurs explicatifs de la multinationalisation

 

Depuis la fin des années 50, la multinationalisation des firmes a donné lieu à une immense littérature économique. Les explications avancées se répartissent pour l’essentiel, en trois grandes rubriques :

1)      la première classe d’explications met l’accent sur les imperfections des marchés, et sur les avantages stratégiques possédés par les insiders sur les outsiders dans les diverses zones nationales. Cette analyse correspond notamment à la phase où l’internationalisation par l’exportation des produits plus ou moins standardisés se heurte aux protections érigées par les pays importateurs, et conduit à l’implantation d’unités de production dans les zones de marchés.

2)      Une deuxième grande catégorie d’explications est centrée sur les avantages compétitifs qui résultent pour la firme de l’internationalisation de nouvelles activités, notamment grâce à la réduction des coûts de transaction. Ces explications veulent rendre compte de la préférence donnée à la création d’unités étrangères intégrées par rapport à la sous-traitance ou à l’établissement d’alliance avec les firmes locales.

3)      Enfin, la troisième explication est celle des avantages comparatifs des localisations, en fonction notamment du coût des ressources. Cette explication domine dans les thèses de la « division internationale du travail » des années 70, qui constatent un mouvement important d’investissements vers les pays du Sud, à faible coût du travail, pour des activités banalisées de fabrication.

 

Ces diverses explications ne s’appliquent pas seulement à l’internationalisation mais plus généralement à la multilocalisation, la frontière nationale n’étant en définitive qu’une forme de segmentation des espaces. Il est clair que les avantages stratégiques, compétitifs et comparatifs se combinent aujourd’hui pour expliquer les raisons qui poussent les firmes à la multinationalisation.

 

En effet, en plus de ces principaux facteurs explicatifs du phénomène de multinationalisation des firmes, d’autres variables sont également prises en compte comme le climat politique et de sécurité d’un pays (le risque pays), les législations sociales nationales, la politique économique (fiscalité, financement, recherche et innovations), l’organisation territoriale, etc., c’est-à-dire l’ensemble des éléments qui peuvent rendre le climat à l’investissement plus ou moins propice.

 

Pour comprendre les formes nouvelles de l’internationalisation, et plus généralement de la multilocalisation, il faut insister sur deux aspects : le premier est celui des modes de compétition, et en l’occurrence de la formidable montée des modes de compétition axés sur la variété et la réactivité, caractéristique des années 80. Le second est celui de l’organisation des firmes.

 

Les processus de multilocalisation sont très variables selon les secteurs. En particulier, ils diffèrent selon qu’il s’agit de produits relativement standardisés, faisant l’objet d’un marché étendu, ou de produits destinés à des usages spécifiques et variables.

 

Après la phase de multinationalisation classique des années 60-70 – filiales étrangères, produits encore relativement peu diversifiés, fort contrôle financier du centre – les changements des années 80-90 procèdent d’un double mouvement :

-          le premier est l’exacerbation de la concurrence pour les débouchés, qui donne lieu à la vague d’investissements croisés, dont le but premier est d’acquérir des positions de marché, dans une course où la rapidité et les effets d’imitation jouent un rôle essentiel. Cette intensification de la concurrence et l’ouverture des économies nationales renforcent considérablement le degré d’incertitude auquel sont confrontées les firmes, et la place des critères de différenciation – qualité, variété, réactivité temporelle – dans la compétition.

-          Le second mouvement, est la diversification galopante des produits qui traduit le passage d’une économie mondiale dominée par l’offre à une économie mondiale dominée par la demande.

 

Le résultat combiné de ces mouvements est que les grandes firmes doivent gérer non seulement un ensemble souvent disparate d’unités et d’activités, mais des exigences de variété et de réactivité qui sont hautement spécifiques aux diverses zones. Des ensembles productifs sont alors confrontés à un degré de complexité menaçant pour la compétitivité. La situation est d’autant plus dangereuse que les technologies sont souvent faciles à imiter et que les grandes firmes se trouvent affrontées sur un nombre croissant de marchés à des concurrents locaux plus petits et de plus en plus compétitifs.

 

C’est alors que la globalisation s’impose comme stratégie de maîtrise de cette diversité, de coordination entre les segments juxtaposés de la multilocalisation traditionnelle. Ainsi, stratégies de présence accrue sur les marchés finaux, mutations des formes de concurrence, recherches de nouvelles économies de dimension, tous ces facteurs permettent de valoriser la multilocalisation tout en maîtrisant la diversité des produits et des marchés.

 

C/ Firmes multinationales et rôle des Etats-nations

 

Certains auteurs pensent que tout cela pousse à l’effacement progressif des Etats, inexorablement débordés par la puissance de la globalisation. Mais cette thèse n’est pas totalement valide au regard de la pratique, car la tendance dominante n’est pas celle d’un retrait des Etats mais d’une mutation de ses actions. On assiste à une imbrication entre les structures étatiques et l’économie privée même dans les régimes les plus libéraux. S’il y a désormais un consensus quasi général sur les avantages et le caractère irréversible de l’économie ouverte, des inquiétudes demeurent sur l’unité des politiques étatiques. D’un côté, les Etats cherchent à garder un certain contrôle des flux, pour ne pas être réduits au rôle de spectateurs de l’économie globalisé. Mais, d’un autre côté, la méfiance entre les Etats et les firmes s’est fortement atténuée. Les grandes firmes sont devenues, notamment dans les pays en développement, des partenaires privilégiés qu’il s’agit à tout prix de séduire et de fixer.

 

Remise en cause des politiques redistributives (protection sociale et droits sociaux), limitation de la régulation macroéconomique, forte pression sur le niveau des dépenses publiques (exigence de baisser les prélèvements obligatoires constitués par les impôts et les cotisations sociales), mise en cause de la capacité réglementaire des Etats, etc., tous ces facteurs font que la tension est forte entre les Etats-nations et les agents privés mondialisés.

Les Etats-nations et les politiques économiques sont-ils encore des cadres pertinents pour influencer ou réguler les dynamiques économiques ?

 

A ce sujet, deux conceptions s’opposent : la première, qui considère la mondialisation comme un approfondissement de l’internationalisation, concilie à la fois l’existence d’Etats-nations souverains et la réalité de leur interdépendance. Pour cette approche, les Etats-nations restent des unités d’analyse pertinentes, dotées de prérogatives irréductibles. La seconde conception, qui considère la mondialisation comme une affirmation de la globalisation, met l’accent sur l’affaiblissement des Etats par des pouvoirs extérieurs liés au marché comme les firmes multinationales, mais également par les organisations internationales, le crime organisé ou la société civile.

 

Certes, la période actuelle est une période de crise. La globalisation remet en cause le rôle des Etats dans la régulation macroéconomique. Celle-ci passait jadis par la maîtrise par les Etats de leurs politiques économiques et sociales. La globalisation financière a obligé à un abandon de cette stratégie. Mais pour l’instant aucun organisme n’a pris le relais pour assurer à l’échelon mondial la régulation de l’activité économique que prenait en charge jusque-là l’Etat au niveau national.

 

En réalité, une grande confusion règne aujourd’hui quant aux objectifs et quant aux moyens des politiques publiques nationales. Le champ des IDE est déterminé par des stratégies industrielles et financières d’entreprises. C’est par rapport à celles-ci que les politiques publiques seront conduites à s’adapter, d’avantage qu’elles n’auront la possibilité de prendre des initiatives indépendantes.

 

Le grand problème est de savoir si les politiques économiques (industrielle, monétaire, budgétaire, etc.) gardent leur pertinence et leur efficacité dans une économie largement ouverte et globalisé. Ainsi, les grandes politiques sectorielles enregistrent des mutations provoquées par la dissociation entre l’espace des firmes et les espaces institutionnels publics.

 

Les firmes multinationales veulent se protéger de la volonté des Etats. Lors de négociations, comme celles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) ou de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) ou même à Bruxelles, dans le cadre de l’Union européenne, les firmes multinationales font pression pour limiter le droit des Etats à introduire des normes pour l’environnement ou la protection du consommateur, des mesures favorisant la culture nationale, etc. Le risque paraît non négligeable que cette dynamique aboutisse à paralyser les Etats au nom de la liberté du commerce.

 

On observe un grand basculement des politiques de contrôle des IDE vers des politiques d’ouverture. Ce basculement est particulièrement frappant dans de nombreux pays en développement qui ont révisé dans un sens beaucoup plus libéral leurs codes d’investissement. Nombreux pays en développement, dont le Maroc, confrontés à de sérieux problèmes socioéconomiques, accordent, dans le cadre de leurs codes des investissements, plusieurs avantages sur le plan fiscal, financier et foncier et du transfert des bénéfices.

 

Ces pays d’accueil cherchent à mieux tirer profit de l’impact positif des IDE pour combler l’insuffisance de l’épargne et des ressources locales, réduire les taux de chômage, entraîner des effets d’entraînement sur les autres secteurs économiques, bénéficier des effets du transfert de technologie et de l’expertise des cadres expatriés ainsi que la dynamisation territoriale.

 

Mais, si les IDE peuvent avoir des effets bénéfiques sur les pays d’accueil, les firmes multinationales ont aussi le pouvoir d’influencer les politiques publiques des Etats de ces pays d’accueil dans un sens plus conformes à leurs intérêts.

 

Traditionnellement, l’économie sociale de marché sépare les activités marchandes d’un secteur non marchand organisé par l’Etat (éducation, santé, culture, assurance maladie, assurance retraite, etc.). Les firmes multinationales remettent en cause cette dichotomie. Elles veulent rendre marchands les secteurs potentiels rentables que gérait l’Etat-providence. Le risque est grand que se constituent ainsi des sociétés à deux vitesses, avec des services privés pour les plus riches et des services publics de mauvaise qualité pour les plus pauvres.

 

Le fait que ces firmes ont le pouvoir d’arbitrer entre les destinations d’implantation de leurs activités, elles poussent les systèmes économiques et sociaux des Etats à entrer en concurrence dans le but de les attirer. Pour cela, les Etats révisent leurs législations sociales dans un sens moins contraignant pour le fonctionnement de ces firmes. Cette révision peut porter atteinte à certains droits sociaux et rendre plus précaires les conditions du travail.

 

D/ Ancrage ou nomadisme territorial des firmes multinationales

 

Les raisonnements économiques traditionnels ignorent une dimension centrale qui est celle de considérer les territoires comme une structure active et non pas seulement comme un réceptacle ou un périmètre des activités.

 

Le monde émergent de la globalisation est-il un monde indifférent aux ancrages territoriaux de ses acteurs ?

 

Plusieurs arguments sont avancés pour refuser l’idée d’indifférence territoriale et montrer le rôle croissant des interactions territoriales dans la compétitivité des firmes et des économies. L’ancrage territorial des firmes n’est pas seulement une rigidité à réduire et constitue, dans de nombreux cas, un atout crucial pour plusieurs raisons.

 

Michaël Porter développe ce thème à propos de l’ancrage des firmes. Il met en avant quatre facteurs reliés entre eux (le losange de la compétitivité) :

1)      l’existence d’une concurrence stimulante qui empêche les firmes de s’endormir ;

2)      l’existence d’un marché suffisamment large et sophistiqué ;

3)      l’existence de facteurs de production complexes et spécialisés (en particulier du point de vue des compétences humaines et des infrastructures techniques) ;

4)      enfin, la présence d’un tissu de relations denses entre les acteurs (fournisseurs, clients, centres de recherche, etc.).

 

Ainsi, la question d’une meilleure organisation territoriale est aujourd’hui plus posée que les questions se rapportant au macroéconomique. Une organisation territoriale idéale doit favoriser l’émergence de SPL (systèmes productifs locaux) ou plus encore de Clusters.

 

La notion de SPL peut être définie comme un ensemble caractérisé par la proximité d’unités productives au sens large du terme (entreprises industrielles, de services, centres de recherche et de formation, etc.) qui entretiennent entre elles des rapports d’intensité plus ou moins forte. La densité des liens entretenus entre les unités de production dépend avant tout de l’organisation et du fonctionnement du système de production.

 

Le concept des clusters repose sur la proximité géographique et culturelle ainsi que sur la complémentarité d’entreprises ou d’institutions partageant un même domaine de compétence. Il prend souvent la forme d’une agglomération d’entreprises partageant une activité similaire. Il va au-delà de la simple recherche d’économies d’échelle entre entreprises concurrentes (mutualisation des moyens de production), mais crée des synergies entre différents acteurs (recherche, entreprise) qui suscite une croissance économique et joue un rôle d’aiment en termes d’attractivité.

 

            Les approches de clusters font avant tout référence aux vertus du regroupement de différentes firmes au sein d’un même espace géographique. La proximité géographique est souvent jugée souveraine, et porteuse de bénéfices en termes de circulation de connaissances, de diffusion d’une culture commune ou de constitution d’un capital humain ou social au sein de l’aire considérée.

 

La caractéristique dominante de l’époque actuelle est la mondialisation de l’économie et de la technologie, dont les progrès des moyens de transport et de communication ne sont qu’une condition nécessaire, mais qui bouleversent les modes d’organisation des entreprises et des industries. Les territoires locaux jouent de plus en plus la concurrence pour l’accueil des investissements productifs. Pour leur part, les entreprises tendent à devenir de plus en plus nomades et sont amenés à reconsidérer le bien-fondé de leur implantation en un site donné.

 

Ceci tient certes à des considérations de coûts des facteurs de production en un lieu donné, mais aussi et surtout à leur insertion dans une organisation industrielle globale intra comme inter-sectorielle. Toute activité industrielle ou tertiaire procède à la fois de l’exercice d’une activité de production, dont l’efficacité dépend des conditions d’accès aux ressources (prix relatifs des facteurs et accessibilité) et aux marchés, et d’une activité de création de ressources (gains de productivité, technologie, innovation, …) qui vise à garantir la pérennité de la première.

 

L’une et l’autre de ces deux dimensions de l’activité industrielle ou tertiaire supposent, pour une entreprise donnée, la mise en œuvre de ressources propres, mais aussi l’existence de relations contractuelles et de marché (coûts de transaction) ou hors marché (coopération) qui fondent une proximité organisationnelle, voire institutionnelle.

 

 

Ainsi, l’organisation territoriale, si elle se rapporte à priori à une proximité géographique, peut-elle générer des effets de proximité organisationnelle et/ou institutionnelle qui suscitent les interactions et la coopération entre unités situées dans une même proximité géographique. Dès lors, cette conjonction de proximités fonde le territoire comme espace pertinent de l’activité industrielle et d’innovation ouvrant la voie à l’ancrage. C’est là que réside la notion de rencontre productive, entendue comme un processus collectif de co-production de ressources. Si la dynamique de l’innovation peut être considérée comme l’un des principaux ferments du départ de la firme d’un territoire, elle peut aussi être considérée a contrario comme l’un des principaux arguments pour y demeurer et y approfondir son engagement.

 

 

La notion de rencontre productive désigne ainsi la capacité émergente d’acteurs co-localisés à apporter des solutions à certains problèmes productifs, voire à formuler et résoudre des problèmes inédits. Elle prend place dans un cadre territorial, c’est-à-dire mettant à profit des effets de proximité géographique. La rencontre productive est génératrice d’indivisibilités dans le rapport firme-territoire et contribue au processus de création de ressources. Elle est par conséquent le facteur essentiel de l’ancrage au sens de la dynamique économique et de l’innovation.

 

La problématique du nomadisme et de l’ancrage territorial des entreprises renvoie à une problématique d’ordre territorial dans laquelle le territoire doit faire face à des options et des choix en ce qui concerne les modalités de développement local, dont la diversité exprime des degrés plus ou moins avérés de construction territoriale. Cette nécessité de dépasser un niveau de passivité du territoire, pur réceptacle des activités économiques en vue d’un rôle plus actif du territoire, acteur de son destin, pose des problèmes de gouvernance territoriale.

 

Aussi, les capacités d’intervention et d’action de l’Etat restent importantes pour ses missions relatives à l’aménagement du territoire et pour éviter à ce que des territoires se développement à outrance et d’autres se trouvant contraint à la marginalisation. Malheureusement, les Etats tendent souvent à s’exonérer de leurs responsabilités en mettant en avant la mondialisation de l’économie et l’incapacité de contrecarrer ses effets au risque de nuire à la compétitivité économique.

 

Les Etats préfèrent laisser jouer les tendances et les mécanismes d’implantation plutôt que de les infléchir puisque les agents économiques décident selon leurs intérêts de rentabilité qui est souvent assuré dans les grandes agglomérations. Cette situation peut entraîner une dualisation avec des zones insérées dans l’économie internationale et des zones vivant à l’abri des enjeux de productivité et de rentabilité.

 

En somme, si la globalisation affecte le pouvoir régulateur des Etats, un mode adéquat de gouvernance mondiale est indispensable pour contrecarrer cette tendance malheureuse, celle de laisser des populations et des territoires s’appauvrir et se marginaliser au nom de la liberté du commerce. Mais, les politiques publiques nationales ne doivent céder et s’effacer totalement devant l’hégémonie de cette mondialisation. Les différences niveaux (local, national et mondial) doivent coexister durablement pour rendre cette mondialisation plus équ
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